Contexte sanitaire oblige, l’Association des bibliothécaires départementaux (ABD) organisait ses 34èmes journées d’étude annuelles les 13 et 14 septembre en ligne. Intitulé « Pour des réseaux de lecture publique durables et équitables », ces journées étaient résolument placées sous l’auspice du développement durable. Les élèves-conservateurs de la promotion Tomi Ungerer avaient la chance d’y être associés : retour sur la première journée de l’évènement.
Développement durable et équité d’accès
La matinée d’ouverture a démarré avec une conférence introductive de Raphaëlle Bats de l’Urfist de Bordeaux sur le rôle des bibliothèques comme actrices des politiques locales de développement durable. Elle s’est attardée sur les dispositifs sur lesquels les bibliothèques peuvent s’appuyer pour agir, en particulier l’agenda 2030 et ses dix-sept objectifs de développement durable élaborés dans le cadre des Nations-Unis. L’accès à l’information y est reconnu comme objectif de premier niveau grâce à un important travail de plaidoyer de l’IFLA qui s’est traduit dès 2014 par la Déclaration de Lyon. Cet agenda a été décliné au niveau national par le Ministère de la transition écologique dans une feuille de route qui identifie les réseaux de bibliothèques comme relais mobilisables dans tous les territoires en matière d’éducation formelle et informelle sur les questions de développement durable. Un site de ressources a ainsi été développé par l’Enssib, le Cfibd, la Bpi et l’ABF pour proposer sous forme de boîte à outils des supports et exemples d’initiatives pour aider les bibliothèques à se saisir de l’agenda 2030 et à y inscrire leurs actions.
Elle a ensuite passé en revue un certain nombre d’initiatives nationales et internationales dans le domaine :
- Les travaux du groupe d’intérêt spécial ENSULIB (Environment, sustainability and libraries) qui décerne tous les ans un « Prix de la bibliothèque verte »… que n’a jamais encore remporté une bibliothèque française !
- Le projet de la fédération européenne EBLIDA (European Bureau of Library, Information and Documentation Associations) pour tenter d’articuler les indicateurs bibliothéconomiques et ceux de l’ONU
- L’outil d’évaluation en ligne de la chercheuse et bibliothécaire brésilienne Nathalice Cardoso qui permet à une bibliothèque de mesurer son degré de contribution au développement durable
- La démarche SME (système de management environnemental) menée à la médiathèque de la Canopée la fontaine à Paris
Cette matinée s’est poursuivie avec une conférence de Jean-Michel Tobelem, professeur associé à l’université Paris 1, consultant et auteur du blog option-culture, sur le thème de « l’équité d’accès à la culture ». Il est revenu sur l’importance du rôle des bibliothèques départementales dans le maillage territorial, en particulier dans le monde rural, tout en mettant en exergue la nécessaire réflexion autour des droits culturels, le potentiel et les limites du numérique ainsi que les enjeux liés à la gratuité. Son intervention était tirée de son livre « La culture pour tous : des solutions pour la démocratisation ? » publié par la fondation Jean Jaurès.
Partage d’expériences inspirantes avec le LAB’D
Après une première demi-journée qui a permis de poser un cadre de réflexion, l’après-midi a été consacré au « LAB’D », le forum de partage d’expériences inspirantes non cantonnées au champ du développement durable. Le forum a débuté avec Aurélie Ravineau-Cloué du Conseil départemental du Loir-et-Cher qui a présenté leur projet de déploiement des « Ideas Box » développés par Bibliothèques sans Frontières pour développer une offre dans les territoires les moins bien desservis et toucher les publics les plus éloignés.
Guillaume Marza, bibliothécaire en charge des publics collégiens à la Médiathèque départementale de l’Hérault, a pris le relai pour parler d’un jeu d’évasion numérique développé en interne à partir de l’œuvre « L’Ombre du Golem » d’Eliette Abecassis et Benjamin Lacombe. Actuellement en beta test pour un lancement espéré en début de 2022, ce point and click interactif repose sur une utilisation ingénieuse de Genially et a vocation à être déployé dans les CDI des collèges. Affaire à suivre.
Cet après-midi de présentations s’est poursuivi avec Nicolas Quereuil de la Métropole de Lyon qui a présenté le dispositif « Les jeux vidéo s’invitent chez vous » en cours de déploiement à partir de septembre sur le réseau métropolitain. Ce projet consiste à constituer et prêter aux usagers des bibliothèques partenaires un fonds de jeux et de consoles, avec un enjeu fort autour de l’acculturation aux pratiques vidéoludiques et de valorisation de la production indépendante.
Cette première journée d’étude s’est achevée avec Patrice Auvinet du service départemental de la lecture de Charente, qui a présenté un partenariat original réalisé avec la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) pour faire du service départemental un refuge LPO. Ce partenariat intervient dans un contexte où ce dernier mène déjà de nombreuses actions pour sensibiliser les publics et développer collectivement des pratiques écoresponsables en interne.
A suivre : le compte-rendu de la deuxième partie des journées d’étude.