Dans un contexte de crise sanitaire où, depuis plusieurs mois, le secteur culturel est en souffrance, empêché de se réaliser tel qu’auparavant, il n’a eu de cesse pourtant de se réinventer et la Culture s’en trouve peut-être même déconfinée, sortant de modes de fonctionnement parfois inadéquats avec la civilisation actuelle. Ce qui demeure, par contre, aujourd’hui comme hier, c’est le besoin toujours aussi nécessaire de divertissement, de découvertes, de partages d’émotions face à une œuvre d’art qui dit, interprète et interroge le monde qui nous entoure. Ainsi, puisque la Culture est intimement reliée au cœur des citoyen.ne.s du monde, les politiques culturelles doivent être au cœur des projets des collectivités territoriales.
Une question peut alors être clairement posée : qu’attendons-nous pour transformer? Pour transformer des politiques culturelles fonctionnant encore souvent en silos, en forces vives et motrices des projets des collectivités à destination des habitant.e.s ? Car les politiques culturelles se doivent d’être au centre de tout projet de transition, une transition qui quel que soit le domaine sur lequel elle porte (économie, numérique, action publique…) ne saurait elle-même être aujourd’hui autre chose qu’écologique. Elles ont de toute évidence un rôle crucial à jouer dans toutes les politiques publiques : des plus attendues (cohésion sociale, jeunesse ou encore aménagement du territoire) aux moins évidentes (finances, mobilités, ou traitement des déchets). Ainsi parce que la culture réunit, qu’elle met en actes la notion même de commun, elle est un levier idoine des démarches de transversalité et de méthodologies de projet dans les territoires.
De nombreux dispositifs peuvent être mis en place. A titre d’exemple, nous allons en présenter trois qui sont des inventions, mais qui s’inspirent de pratiques de collectivités. Tous entremêlent les politiques culturelles à une ou plusieurs autres politiques publiques.
Création d’un Tiers-lieu Patrimoine naturel
Dans cet espace se croisent des ateliers sur la biodiversité et l’alimentation, un jardin partagé basé sur la permaculture et la transmission de pratiques ancestrales, une micro-folie (dans un cabanon) qui offre une visite immersive de la faune, de la flore et des aménagements du territoire depuis la préhistoire jusqu’à nos jours. Ce tiers-lieu peut être érigé, et ce n’est pas exhaustif, sur une friche industrielle, dans un quartier politique de la ville ou encore dans un cimetière. Les acteurs : Parcs et jardins, urbanisme, muséum d’histoire naturelle, associations de quartier et d’insertion, politique de la ville…
Parcours artistiques pour apprendre à prendre soin de notre environnement
Dans ces parcours d’éducation artistique et culturelle, les enfants et adolescent.e.s apprennent, de manière ludique, les enjeux et pratiques du traitement et du recyclage des déchets ainsi que la sobriété des usages concernant les ressources (eau, énergie, numérique…). Des spectacles et des expositions peuvent être organisés à l’issue de ces parcours dans les écoles, les mairies, les musées, les espaces publics… En parallèle, dans ces parcours, des ateliers peuvent faire réfléchir les jeunes à des pratiques innovantes sur ces sujets et les amener à construire des prototypes, un peu à la manière d’un Fab lab. Les acteurs : service eau et assainissement, établissements scolaires, crèches, structures périscolaires, écoles de danse/musique/arts plastiques, propreté urbaine, centre de culture scientifique, technique et industrielle…
Création d’une agora citoyenne
Dans cet espace peuvent se réunir autour de thématiques prédéfinies (santé, budget vert, modernisation de l’action publique…) différents acteurs du territoire (citoyens, associations, services des collectivités et de l’Etat, publics dits empêchés…). L’objectif est, en présence d’experts, d’expérimenter par le théâtre, les arts plastiques, le chant ou encore les arts numériques des projets sur les sujets choisis par la collectivité. S’ensuit alors un temps de débat qui aboutit à la rédaction de fiches décrivant les actions retenues comme prioritaires à engager par les citoyen.ne.s. Les acteurs : tous services publics et ressources, bibliothèques municipales et départementales, associations, laboratoires d’innovation publique, centres de détention…
Bien entendu, les politiques culturelles doivent alors instaurer (et elles n’en ont pas toujours la culture) comme toutes les politiques publiques de nécessaires processus d’évaluation. Ces derniers ne doivent pas être vécus comme une sanction subjective face à un domaine qui de par sa nature même ne saurait y être soumis, mais comme une étape nécessaire aux transitions, aux choix et décisions que cela implique. Pour conclure, les politiques culturelles doivent permettre à tout projet de prendre de la hauteur, d’expérimenter tout en instaurant des liens forts et co-construits entre la collectivité et les habitant.e.s pour toute politique publique. Elles représentent une puissante dynamique de transformation pour des collectivités territoriales innovantes et résilientes !
Article rédigé par Nadège Deriano (promotion Toni Morrison), décembre 2020.